Le cacatoes de ducorps

Cette espèce est l’une des moins connues du genre Cacatua.  Cela est notoirement dû à la faible importation dont elle fait l’objet et aussi à son caractère acariâtre.

Appellations

  • Scientifique: Cacatua ducorpsii
  • Néerlandais: Ducorps kaketoe
  • Anglais: Ducorps’ cockatoo
  • Allemand: Salomonkakadu

Description

  • Mâle: la couleur générale est le blanc.  La tête et parfois le buste ont un reflet légèrement rosâtre mais il est difficile de s’en rendre compte.  Le dessous des ailes et la queue sont jaune pâle.  La peau autour des yeux et le cercle oculaire sont bleuâtres.  L’iris est brun à noir; les pattes sont grises et le bec est gris-blanc.  La huppe arrondie est plus large et plus longue que celle du Cacatoès de Goffin.  Le mâle mesure plus ou moins trente et un centimètres.
  • Femelle:  semblable au mâle mais généralement plus petite et l’iris est chez elle de teinte rougeâtre.
  • Juvénile:  comme l’oiseau adulte mais le plumage est plus gris clair que blanc et l’iris est sombre.  La femelle n’acquiert le rouge de l’iris qu’à l’âge de deux à trois ans.  Il vaut donc mieux faire sexer les oiseaux pour acquérir une certitude sur ce que l’on a.
  • Il n’y a pas de sous-espèce.

Comportement dans la nature

L’espèce vit aux Iles Salomon orientales de Bougainville à Malaita.  On ne recense pas cette espèce sur les Iles de San Cristobal.  Les nids sont trouvés dans les bois et leurs abords.  En dehors de la saison de reproduction, ces oiseaux se tiennent par couples ou en petits groupes de huit.  Il s’agit d’une espèce farouche et très angoissée qui ne pose sur le sol que pour boire et manger.  Un trait caractéristique de son tempérament craintif réside dans le fait qu’il reste toujours quelques sentinelles postées haut dans un arbre et qui sont à l’affût du moindre signe qui pourrait les inquiéter.  L’alarme donnée, le groupe entier s’envole en émettant des cris perçants.

Dans la nature, le Cacatoès de Ducorps se nourrit de graines, de fruits(noix, baies), de fleurs, d’insectes et de leurs larves et de temps à autre il ne dédaigne pas goûter aux épis de maïs à moitié mûrs.  Il lui arrive de s’attaquer aux bananes et aux papayes dans les plantations tout comme il peut creuser à la recherche de patates douces.  Cette manière de se nourrir est en cas de raids importants, déplorable pour les cultures vivrières humaines.

Parade nuptiale

L’espèce couve en mai et la parade qui précède l’accouplement est intéressante à observer.  La femelle attirer l’attention du mâle par des hochements rapides de la tête et des claquements du bec.  A l’arrivée du mâle, elle s’accroupit et se blottit contre lui on plaçant la tête sous la poitrine de son futur époux.  S’ensuit ensuite un concert de claquements de becs accompagnant de nombreux hochements de tête.

Elevage

La femelle pond deux à trois œufs qui sont couvés durant plus ou moins vingt-huit jours.  Les jeunes qui en sortent restent entre septante-cinq et septante-neuf jours au nid.  Ils sont indépendants cinq semaines après leur sortie du nid.  Le Cacatoès de Ducorps est un Cacatoès très précoce sexuellement comparé aux autres espèces du genre.  On connaît des cas d’oiseaux s’étant reproduits alors qu’ils étaient à peine âgés de deux ans; en règle générale il faut quand même attendre que les oiseaux aient trois ans avant qu’ils ne songent à se reproduire.  Si l’amateur qui tente d’élever des Cacatoès de Ducorps n’est pas chanceux et que son couple ne soit pas un bon couple d’élevage, il lui reste deux solutions:

  • Il déménage les œufs vers des parents adoptifs
  • Il place les œufs dans une couveuse artificielle

L’humidité relative régnant dans cette dernière doit se maintenir entre soixante et soixante-cinq pour cent.

Nichoir

On donnera les dimensions suivantes au nichoir destiné à cette espèce: 25 x 30  x 50 centimètres.  Il vaut mieux le fabriquer avec un matériau fort solide car en règle générale un tel nichoir ne tient le coup qu’une année, les oiseaux le démolissant purement et simplement!  L’usage d’une portion de tronc d’arbre peut aussi se faire et esthétiquement parlant on peut dire que c’est même mieux.  Quel que soit le modèle que l’éleveur emploiera, il faudra qu’il le nettoie à fond en le désinfectant, j’utilise personnellement un produit de la marque Virkon™.  Il faut remplir le nid avec de la tourbe à laquelle on mélange des copeaux de hêtre ou des fibres de chanvre moulu.  Cette dernière matière est plus chère que les copeaux de bois mais assure une désinfection à cent pour cent.  Je présente régulièrement des rameaux que les oiseaux rongent pour les placer ensuite dans le nid.  Si les Cacatoès continuent à démolir leur nid, on peut en déduire qu’il ne leur convient pas ou qu’il leur manque des branchages à ronger.

Agressivité

Je l’ai souligné déjà, le Cacatoès de Ducorps se range parmi les Cacatoès les plus agressifs.  Il peut même arriver que le mâle tue la femelle!  Si l’éleveur a à faire avec un mâle excité, il pourra résoudre le problème en agissant comme ci-après:

  • Placer le mâle dans une volière attenante à celle de la femelle; lorsqu’il semblera moins agressif(on remarquera qu’il essaiera de nourrir la femelle au travers du treillis), on risquera de réunir les deux oiseaux.
  • Placer le mâle dans une cage dans la volière de la femelle.  On ne le relâchera que lorsqu’on aura l’assurance que le danger est passé.
  • Ejointer le mâle, cela devrait le gêner dans son vol.
  • Donner un large choix au mâle(plusieurs femelles), si nécessaire combiner cette dernière solution avec l’une ou l’autre des précédentes.

En volière

Les dimensions idéales pour des oiseaux de cette espèce sont les suivantes:

  • Longueur: quatre mètres
  • Largeur: deux mètres
  • Hauteur: deux mètres

Soit un volume de seize mètres cubes.

Il faudra prévoir un abri attenant pour la nuit et la mauvaise saison, le sol devra en être bétonné, il protégera du gel.  La volière ne peut être trop étriquée pour autoriser la femelle à chercher refuge dans la fuite pour échapper aux assiduités du mâle.  Les montants de l’ensemble devraient être en métal et le treillis employé fort solide(diamètre du fil: deux millimètres).  Le fond de la volière extérieure pourra rester en terre meuble sans oublier toutefois que les Cacatoès sont d’excellents fouisseurs!  Il est prudent de prévoir sous cette terre, une fondation en dur, cela évitera des évasions.  Il arrive également que des amateurs de Cacatoès utilisent des volières dont seule la face avant est en gaze métallique.  L’avantage de cette manière d’agir est que les oiseaux ne peuvent être dérangés par les oiseaux voisins.  Si les parois latérales sont malgré tout en treillis, il vaut mieux ne pas faire voisiner des Cacatoès.  Il n’y a aucun inconvénient par contre à placer d’autres Psittacidés à côté des Cacatoès.

Choses intéressantes à savoir

Le Cacatoès de Ducorps est très sensible aux modifications du milieu ambiant.  Leur soigneur peut les déranger, c’est un fait mais les changements dans leur volière en sont également capables.  Il s’agit là de la raison première d’œufs mauvais, abandonnés, renfermant des embryons bien developpés morts ou de jeunes morts de famine parce que leurs parents ne les ont pas ou plus nourris.  Beaucoup de nichées doivent dès lors être élevés à la main.  J’ai déjà signalé que les problèmes concernant les œufs peuvent être résolus de manière anticipative.  C’est valable pour cette espèce mais aussi pour bien d’autres, tous les éleveurs peuvent y être confrontés un jour ou l’autre.  Il y a des embryons qui meurent en début de cycle et les raisons peuvent se retrouver dans la liste suivante:

  • Les œufs se sont refroidis après quelques jours de couvaison
  • Le matériau dans le nid est mauvais
  • Trop d’interventions de l’éleveur
  • Poux et teignes
  • Surpopulation éventuelle dans la volière et compétition subséquente, cela n’est pas en situation avec le Cacatoès de Ducorps car à cause de son caractère particulièrement agressif, les oiseaux de cette espèce doivent être détenus à raison d’un couple par volière
  • Mauvais nichoirs
  • Mauvais parents
  • Nid trop chaud ou trop froid, mal ventilé donc mal conditionné
  • Dérangements dus à des raisons externes au nid
  • Œufs infectés, ils amènent toujours la mort des embryons

Ce dernier point est souvent imputable à une mauvaise nourriture; une alimentation trop peu variée conduit immanquablement à la mort des embryons.  Un bon menu pour cette espèce ne doit pas seulement être composé de graines et d’eau mais aussi de fruits et de légumes, de brindilles, de pâtée aux œufs, de sépia, de grit et que sais-je encore d’essentiel.

Les infections les plus courantes qui peuvent être transmises par la femelle aux œufs sont celles par Chlamydophilasis et par Salmonella.

Un œuf maculé de sang doit être nettoyé avec de l’eau tiède.  Cet œuf trahit le mal qu’a eu la mère à le pondre et il peut être souvent à la base d’une infection.

Il arrive régulièrement de trouver dans les nids des jeunes morts et à moitié sortis de l’oeuf.  Beaucoup d’amateurs ont essayé d’aider les jeunes à sortir mais ces derniers n’ont jamais survécu.  Pour se rendre compte de ce qui est fautif dans cette manière d’agir, il faut connaître le déroulement de la naissance d’un oiseau “normal”.  Cela se produit en deux temps.  Lors de la première phase on entend le jeune pépier dans l’œuf tandis qu’il tâche de percer un trou dans la coquille.  Si cela réussit, le jeune commence aussitôt à respirer l’air frais qui entre par l’ouverture.  Après douze à trente-six heures selon les espèces débute le second stade durant lequel le jeune voudra à toutes forces s’extraire de l’espace exigu de l’œuf et à partir d’alors il respirera directement l’air ambiant.  Le moment est critique car s’il règne une température trop élevée combinée à une hygrométrie trop basse, la coquille de l’œuf sera trop dure et difficile à briser.  Il arrive alors que de jeunes oiseaux ne peuvent ou peuvent difficilement quitter définitivement l’œuf.  Si le jeune reçoit de l’aide pour sortir, il meurt.  Ce que l’on peut faire est tout simplement de distiller trois gouttes d’eau tiède sur le jeune oiseau au moyen d’un compte-gouttes.  La coquille de l’œuf deviendra plus humide à l’intérieur et le jeune pourra s’extraire sans plus de problème.

Alimentation

Le mélange de graines que je donne à mes Cacatoès de Ducorps se compose d’une petite portion de graines de tournesol et de graines de citrouille et d’un mélange pour petites Perruches(millet rond, chanvre, sarrasin, noix de cèdre, millet plat, froment, riz décortiqué).  Mes oiseaux reçoivent en sus des épis de maïs à moitié mûrs, beaucoup de fruits(pomme, poire, baies diverses) et de légumes(gratte-cul, betterave rouge), verdure et graines germées.

Des os de seiche sont présents en permanence pour assurer le niveau adéquat en calcium.  Un bon mélange de grit digestif à base d’écaille d’huître et un gravier grossier sont aussi mis à la disposition des oiseaux.

Les noix en général ont la mauvaise réputation de propager des maladies dues aux moisissures, elles sont pourtant un élément essentiel de la nourriture des Perroquets.  Il semble même qu’elles soient bénéfiques pour le cœur.  Il ne faut pas en donner en trop grandes quantités mais d’un autre côté les Cacatoès doivent avoir l’occasion d’en manger.  Le Cacatoès de Ducorps aime peler les noix communes(de notre noyer) et il adore manger des noisettes et des noix de cèdre.  Un conseil: ne conservez jamais vos noix dans un endroit trop humide et surtout jamais à l’abri de l’air.  Jetez sans hésiter une noix abîmée et gardez à l’esprit que le maximum de durée de conservation des noix est de six mois.  On peut par contre les congeler.

Le Cacatoès de Ducorps raffole des graines rouges du grenadier(dont le fruit est la grenade), on peut les mélanger à la pâtée aux œufs.  Chaque semaine je donne du millet en grappe pour rompre un peu la monotonie de la recherche de nourriture.

Les Cacatoès aiment se baigner et aiment encore plus se faire doucher par la pluie.  Ils boivent beaucoup si on les compare aux autres Psittacidés.  Raison de plus donc pour renouveler leur eau de boisson quotidiennement.

Conclusion

Il est notoire que les Cacatoès sont très sensibles aux maladies du bec et des plumes.  Il faut être très prudent à l’achat d’oiseaux fraîchement importés, surtout ceux qui nous arrivent d’Afrique du Sud.  Veillez absolument à obtenir un certificat sanitaire reprenant l’état de santé de votre achat.

Une vaccination régulière contre les vers(tænia) est un plus.